dimanche 28 février 2010

Ma petite voix intérieure, l'amour, et la catin d'moi

Moi : Cause, cause. Qui c'est qui va t'croire. T'es la preuve vivante qu'aimer tout le monde à égalité revient à n'aimer personne en particulier.
Ma Petite Voix Intérieure : Tu me causes tant de peine, pourquoi me parles-tu comme ça ? Pourquoi ce ton qui casse tout avant même qu'on ait le temps de voir ce que ça donnerait ? Tu me donnes froid. Tu veux un monde comme un désert des steppes.
Moi : Je suis ton rempart bécasse. Pleure un bon coup, mouche toi sur mon épaule et on est reparties ma belle. Des blessures d'amour, il n'y a que ça sur Terre. Mais va expliquer ça avec des mots qui ne seront compris qu'à travers le prisme des expériences de l'autre. Ce sont des illusions. Et les illusions sont fortes de leur véracité. Console-toi. Et on repart. Je te protègerai.
Ma Petite Voix Intérieure : Moi j'aimerais que tu me laisses échanger les rôles pour voir. Rien que pour voir. On le fait à ma manière douce, souriante et tranquille, on esquive les coups, et si on s'en prend un, on le soigne et on oublie.
Moi : C'est une destination ça, ma belle, ma libelllule, avec tes trois ailes, en position de déséquilibre stable, comme ça, sur une brindille, tu es toute belle, toi, je suis un dragon, moi, un dragon de feu qui connait sa grimace, que tu n'emmerdais pas comme ça pour des injustices et ton autorité personnelle même quand j'avais trois ans. Je suis faite de ton premier mot qui était NON. Toi, tu es dans cet instant où, le jour de notre premier jour d'école en maternelle, tu as consolé une inconsolable et permis à tous de dormir. Je suis faite de murs, de tous les "tu ne feras pas" et tous les "tu feras à condition de" et "on t'aimera quand tu" et "si tu fais comme ci, t'es des nôtres" et "l'important, c'est que tu sois heureuse" et le clou "c'est tout". Tu te fiches toi, c'est dans ton coeur, ça sort, et tu te fous où ça va. Tu fais. Tu crées. Tu jettes. Tu te fous si on entend ou pas. Si t'as rempli les conditions du succès ou pas. D'ailleurs, si peu entendent... Et les échecs, tout ce que tu ne termines pas, te vont très bien. J'me fiche pas, moi. J'en ai marre, moi. J'ai été une gentille fifille sage à l'école. Une pionnière, ma belle. Je lancerai des bombes quand je serais grande moi, je mènerai la danse, comme la pionnière de la chanson, parce qu'à l'époque où on me l'a apprise, ça n'avait pas l'air d'être trop ça, c'est plus les garçons qui faisaient ce qu'ils voulaient et les filles, la ferme... Puis, on m'a privé de grandir parce qu'on a aboli le rite des Omladinci pile mon année, et d'ailleurs, tout le pays, ils l'ont aboli deux ans plus tard, et Tito, et tout l'amour que j'avais pour tout le monde, ils ont tout aboli, tout ce que j'avais appris, moi, j'ai rien retrouvé ici de tout ça, que toi, et les chansons de Balasevic, et personne avec qui vous partager... sans qu'on vous cogne en essayant de prouver que vous n'êtes QUE de pauvres idéalistes...
Ma Petite Voix Intérieure : Pourtant, si tu viens avec moi en douceur, si on fait trois pas règlementaires de distance avec ce qui fait mal, je te promets, on en esquiverait plein... Et on ferait ce qu'il y a à faire.
Moi : Maiiis y'a rien à faire, arrête un peu. 
Ma Petite Voix Intérieure : Tu t'rends pas compte ! Y'a que toi sur Terre quand tu décides, toi ! Y'a qu'ça sur Terre, de quoi faire et bien faire ! Les ouragans sévissent dans le 77 et ramènent l'odeur de l'atlantique espagnol à 1000 km de là ! Les décisionnaires européens n'arrivent pas à se mettre d'accord ! La confiance est un trophée qui se gagne et par une minorité seulement, celle qui parvient à faire semblant de combler toutes les cases qu'il faut combler ! Ceux qui préfèreraient partager qu'engranger un max pour soi tout seul existent !  Mais ouvre un peu ton coeur et regarde ce qui t'a été donné ! Tu sais donner ta confiance sans condition et la laisser se perdre sans même en garder de cicatrice ! Tu viens d'un monde où l'on construit des autoroutes qu'on nomme "Unité et fraternité" parce qu'elle traverse tout les pays de ton pays ! Tu viens d'un monde où l'on travaille dur la journée à la construction d'un idéal, pour le soir s'allumer un feu de bois, prendre une guitare et chanter tous ensemble en en profitant pour le vivre ! Tu viens d'un monde où la liberté gagnée sur l'horreur de la seconde guerre mondiale se préserve, précieusement ! Tu as promis ! Tu as prêté serment ! Tu dois garder la paix ! Tu as promis !
Moi : Je veux bien moi. Mais on est en France là. Et ce merveilleux pays, je l'ai imaginé, je l'ai rêvé, il n'existe plus et tout le monde s'acharne à te le préciser "tu veux dire l'EX-Yougoslavie ?", non, toi, tu veux toujours dire Yougoslavie, et tu passes pour une nostalgique qui ne vit pas dans ses réalités vraies.
Ma Petite Voix Intérieure : ... souviens-toi pourtant, ce frisson... tous ensemble, unis en une minute de silence en la mémoire de l'homme qui nous a appris la liberté et l'amitié... une sirène qui pleure... les voitures arrêtées dans la rue et les gens comme nous dans la classe, tous debout, en position de salut... le pays constitué de huit pays unis tous en cette pensée qui nous lie, comme si tous les dizaines de millions que nous étions, nous nous donnions la main pour danser. Une minute. Une minute par an. Sept minutes parmi tes 33 ans. Pas plus que sept. Et ce frisson immense, qui ne logera jamais dans si peu de temps... éternel... et que tu désirais tant chaque instant dans chacune de tes relations, même aussi éphémères qu'accorder un dialogue à un fou inconnu... jamais je ne parviendrai à te consoler d'en avoir vécu si peu... de ne pas être arrivée à le transmettre en France où les gens sont si seuls... si seuls dans leurs merdes... d'être devenue comme eux... seule sans ronde au tour du monde... dans ta merde.

Moi : Je n'ai pas l'impression que ça les intéresse...
Ma Petite Voix Intérieure : On t'a appris à fermer ta gueule et considérer pour arrogance tout ce que tu souhaites apprendre aux autres sans qu'ils ne te le demandent. Mais si tu veux créer ça en France, la liberté et la fraternité, mieux qu'écrit sur toutes les écoles publiques, inscrits en lettres de feu dans le coeur de chacun, comme une loi indélébile, comme une responsabilité vitale, leur permettre ici de vivre ce qu'ils croient savoir en le pensant, mais sans y croire vraiment, comme un idéal, ici, inatteignable par définition, si tu le veux, tu le peux. A condition de ne pas attendre qu'on en reconnaisse l'utilité. Prône ! Prône l'honneur et l'union d'un peuple de la Terre ! On s'en fout s'il n'y croient pas ! On s'en fout s'ils te prennent pour une dingue ! C'est ça la vie d'un pionnier ! C'est se prendre les murs pour les suivants ! C'est y croire quand personne n'y croit encore et prouver ! Tu ne prouveras pas en faisant comme eux ! Tu ne prouveras pas en te taisant ! Prône ! Et laisse-toi le vivre avec ton homme, ta chienne, tes enfants à venir exactement ce que tu prônes, pour appuyer tes dire d'une vie concrète !
Moi : Les gens veulent pas entendre les vérités, laisse-moi tranquille avec ça. Je te signale que je prends des coups à chaque fois. Personne ne veut résoudre ses problèmes autrement que par soi-même. De quoi on s'mêle. 
Ma Petite Voix Intérieure : C'est pas qu'ils ne veulent pas. Les mots ne suffisent jamais. Il faut les entendre trois fois minimum et avoir vécu ce qu'ils prônent. C'est que tu finis toujours par perdre patience et déguerpir. Mais la solution continue à travailler sans toi. Oublie l'importance d'être comprise dans l'instant. Chacun vit ce qu'il doit vivre. S'ils te croisent et qu'ils entendent, c'est que sur leur chemin, c'était le moment de l'entendre ainsi, et sur le tien, le moment de le dire de la sorte... Allez viens on leur dit !
Moi : ... t'es folle arrête, ils n'y croiront pas...
Ma Petite Voix Intérieure : Viens ! Viens on leur dit !
Moi : ... ils s'en foutent, arrête...
Ma Petite Voix Intérieure : Allez vieeens !
Moi : ...
Ma Petite Voix Intérieure : Viens on l'fait ensemble !
Moi : .... à la une... à la trois... à la sept :
Nous : Je vous aiiiiiiiiiiiime !